Histoire du château de Montreux
Le château de Montreux fut édifié au cours du 13e siècle. La première mention connue figure dans la charte de soumission de l’abbaye Sainte Marie de Valdieu à l’abbaye de la Chaise-Dieu donné par Agnès, la veuve de Frédéric de Toul et seigneur de Fontenoy, en octobre 1260 « en son château de Montreux ».
Construit au sommet d’une motte féodale quasi circulaire d’une cinquantaine de mètres de diamètre, il comportait deux niveaux et une cave et une prison en sous-sol. D’après une description du 18e siècle, on y comptait une douzaine de pièces et de nombreux petits « cabinets ». Un donjon fortifié et une tour dominaient l’ensemble. La motte était pourvue d’un chemisage de pierre qui constituait la défense ultime du site.
Cette motte était située dans la pointe de terrain marécageux limitée au sud par la Suarcine et au nord-ouest par la St Nicolas. Elle était entourée d’une basse-cour en forme de triangle où se trouvaient les communs, un jardin potager et un verger. Le tout était entouré d’une forte palissade en bois et le dispositif de défense était complété par un fossé joignant les deux rivières qui pouvait être mis en eau par un système de barrages mobiles. Un pont sur la St Nicolas flanqué de deux tours situé dans le prolongement de la rue de l’Ancienne Eglise permettait la communication avec le village.
Plusieurs fois remanié, le château fut abandonné au début du 18e siècle après le mariage de Marie Claire de Reinach-Montreux avec son cousin François de Reinach-Foussemagne et le décès de son père, Philippe Charles, le jeune couple ayant choisi de résider au château de Foussemagne. Il finit par s’écrouler faute d’entretien et seules les dépendances restèrent occupées jusqu’à la Révolution.
En 1791, les ruines furent vendues comme Bien National à un montreusien qui exploita le site comme carrière de pierres. C’est ce qui explique qu’il ne reste aujourd’hui quasiment aucunes traces de ce château à l’exception de quelques affleurements des fondations et de fragments du chemisage de la butte.
La seigneurie de Montreux et ses seigneurs
La famille des sires de Montreux a pour origine Robert de Fontenoy, chevalier, septième enfant de Ferry (= Frédéric) V, comte de Toul, et d’Agnès de Ferrette dont le mariage remonte au milieu du 13e siècle.
Divers biens sundgauviens apportés par Agnès passent à Robert puis à son fils Ferry pour lesquels ils sont vassaux des comtes de Ferrette. Ils possèdent en outre divers biens en Lorraine. Ces possessions constituant leur apanage principal, la famille se dira naturellement « de Montreux ».
Le fils de Ferry et d’Audate de Neublans, Didier de Montreux, chevalier et vassal de Jeanne de Ferrette (dernière comtesse de Ferrette de la famille éponyme), entre en possession de son héritage sundgauvien vers 1345. De sa première épouse, fille du sire de Montjoie, naîtra Jean de Montreux vers 1375. Sa seconde épouse, Guillemette, fille de Jean d’Auxelles, chevalier et sire de Melisey, lui donnera un autre fils, Georges, né vers 1380. Ce dernier sera l’auteur du rameau des Montreux, seigneurs de Melisey ; il recevra en héritage le château de Melisey et tout ce que les seigneurs d’Auxelles vassaux des comtes de Bourgogne tenaient en Franche-Comté.
Après avoir ravagé les terres du duc de Lorraine en compagnie de son père pendant la dernière partie du XIVè siècle, Jean de Montreux figure en 1424, parmi les défenseurs de Belfort durant la guerre dite des Gageries. Conseiller des princes d’Autriche, il intervient dans les litiges qui opposent la ville de Bâle à ses voisins. En 1445, en compagnie de Pierre et Conrad de Morimont et de Jean de Thierstein, il déclare la guerre à la cité de Bâle et occupe le château de Pfeffingen au sud de Bâle. Il épouse Marie de Graux qui lui apporte en dot d’importants biens en Lorraine dont la forteresse de Saint Baslemont dans le sud des Vosges. De ce mariage naîtra Frédéric de Montreux ; comme le Sundgau faisait partie des provinces de l’Autriche Antérieure, c’est de l’archiduc Sigismond qu’il recevra en 1458, l’investiture du fief de Montreux. Jean de Montreux était également le père de Georges, bâtard de Montreux, qui fut nommé prévôt de Belfort le 18 janvier 1455.
Georges de Montreux, fils de Didier, entra en possession de l’héritage de sa mère en 1407. Il s’agissait de la forteresse de Melisey en Haute-Saône et de plusieurs fiefs situés dans les Vosges Saônoises. Il reçut également la moitié de la seigneurie et du château de Montreux. De son épouse, Jeanne de Montjustin, il eut deux fils ; Jean, qui obtint en 1458, la part de la seigneurie de Montreux de son père ; et Didier, qui sera seigneur de Melisey.
Ainsi en 1458, la seigneurie de Montreux qu’avaient possédé Robert et ses descendants au cours des deux siècles précédents, se trouvait-elle partagée en deux. Frédéric de Montreux tenait les villages de Cunelières, Frais, Chavannes sur l’Etang, Chavannes les Grands, Lutran, Magny, Romagny et Valdieu ainsi qu’une partie du village de Petit-Croix ; Jean pour sa part, tenait Montreux-Jeune, Montreux-Vieux, Foussemagne, Bretagne et Fontaine. Le bourg de Montreux-Château et le château lui-même étaient communs.
De ses deux mariages avec Benedicte von Schellenberg et Yolande de Haraucourt, Frédéric de Montreux, chef de la branche aînée, avait eu cinq enfants. Après la mort de son fils unique, Adam, tué au siège de Salins, il obtint de l’archiduc Sigismond en 1475 que ses trois gendres soient co-investis de son fief de Montreux. Ainsi après sa mort en 1497, Louis de Reinach, Christophe de Hattstatt et Etienne de Saint-Loup deviennent coseigneurs de la part du fief de Montreux tenue par leur beau-père, augmentée des villages d’Eschêne et Autrage. Seul Louis de Reinach eut des héritiers mâles.
De son côté, Didier de Montreux, chef de la branche cadette, avait épousé Marguerite de Saint-Loup qui lui avait donné au moins cinq enfants dont Antoine et Georges de Montreux. Le premier joua un rôle politique important en se plaçant au service de Pierre de Hagenbach, le bailli de Charles le Téméraire pendant la période où le comté de Ferrette avait été engagé au duc de Bourgogne (1469-1474). En 1475, il avait récupéré la part du fief de Montreux tenue antérieurement par son oncle Jean de Montreux en 1467, lequel en avait été dépossédé par le pouvoir autrichien pour félonie. De sa mère, il avait hérité de biens importants dans les Vosges, notamment la seigneurie et le château des Thons. Il était donc également vassal du duc René de Lorraine. Il avait épousé Marie de Hagenbach fille du bailli de Charles le Téméraire, mais ce mariage était resté stérile. Après son décès en 1512, ses fiefs passèrent à son neveu, Guyot de Montreux, fils de Georges, seigneur de Melisey.
En 1549, celui-ci se trouvant dans une situation financière très délicate, vendit sa terre de Montreux pour 16000 florins à Nicolas Perrenot de Granvelle, conseiller et Garde des Sceaux de l’empereur Ferdinand d’Autriche. Ainsi, cette partie de la seigneurie de Montreux prit-elle le nom de Montreux-Granvelle.
Nicolas Perrenot mourut l’année suivante et l’investiture fut conférée à ses fils Frédéric et Thomas. Ces derniers étant morts sans postérité, l’empereur Maximilien accorda l’investiture en 1608, à Jean-Adam, Jean-Thiébaud et Melchior de Reinach (les trois fils d’Henri de Reinach et petit-fils de Louise de Montreux et d'Etienne de Saint-Loup évoqués plus haut) qui avaient acheté ce fief vacant.
Au cours du 17e siècle, l’histoire de ces deux demi-seigneuries de Montreux qui se trouvaient l’une comme l’autre en possession des Reinach fut particulièrement chaotique du fait des ramifications des différentes branches de cette famille et de la mort prématurée de plusieurs des porteurs de fiefs. La part de la seigneurie échue à Louis de Reinach – la seigneurie de Reinach-Montreux – passa ainsi de père en fils à Jean-Sébastien, puis Egmond, Jean-Jacques, Jean-Rodolphe et finalement aux deux frères, Philippe-Charles-Jacques et Humbert-Nicolas de Reinach.
Dans le même temps, l’autre partie de cette seigneurie – la seigneurie de Montreux-Grandvelle devenue entre temps de Reinach-Foussemagne – était passé dans les mains de Melchior de Reinach, puis de ses trois fils Jacques, Jean-Thiébaud et Jean-Henry ; ensuite, des trois fils de ce dernier, Melchior, Jean-Adam et Jean-Thiébaud ; puis, Jean-Henri, fils de celui-ci, et enfin, François-Guillaume, fils de ce dernier.
Après la guerre de 30 ans, les Reinach, ayant choisi le parti français contre leur ancien suzerain Habsbourg, purent conserver leurs fiefs en devenant vassaux du roi de France.
Le 21 septembre 1699, François Joseph Ignace fils de François-Guillaume de Reinach-Foussemagne épousa sa lointaine cousine, Marie-Claire, fille et seule héritière de Philippe-Charles-Jacques de Reinach-Montreux.
L’illustre famille de Montreux qui descendait trois fois en ligne directe de Charlemagne à travers les comtes de Montbéliard, les comtes de Bar et Ermentrude de Bourgogne, avait tenu cette seigneurie depuis le 13e siècle.
Grâce au jeu des alliances, elle avait étendu ses possessions sur tout l’est de la France ; historiquement vassale de l’empereur d’Autriche, elle avait également rendu foi et hommage aux ducs de Lorraine comme aux comtes de Bourgogne. Elle s’éteignit définitivement au début du 17e siècle avec Jean-Baptiste de Montreux, seigneur de Jasney, le dernier descendant de la branche de Melisey.
Le nom de Montreux avait également été porté au Moyen-Age par une famille de ministériaux étroitement liés aux princes-évêques de Bâle qui se faisait appeler de Montreux-Vieux et par une autre famille possessionnée à Chavanatte, Boron et Bourogne connue comme les Montreux de Chavanatte. Malheureusement, rien ne permet d’établir un lien entre elles et la famille de Montreux dont il est question plus haut.
La motte castrale aujourd’hui
Aujourd’hui, la plus grande partie du site de la motte castrale et son environnement immédiat qui étaient possédés par des propriétaires particuliers, sont entrés dans le patrimoine foncier communal. La motte a ainsi pu être débarrassée des arbres qui l’encombrait et empêchait de voir le site du château depuis la chapelle Ste Catherine. Un troupeau de chèvres assure désormais le débroussaillage du lieu.
Les projets
Une nouvelle campagne de fouilles de l’INRAP est programmée. Elle devrait permettre de disposer d’un diagnostic précis du site de l’ancien château et de la basse-cour et ainsi de pouvoir imaginer plus concrètement comment il pourra être mis en valeur.
D’ores et déjà, une passerelle légère a été jetée sur la St Nicolas ; elle a permis de reconstituer le lien entre les deux parties du site médiéval, la chapelle Ste Catherine et la motte castrale.
Le château de Montreux fut édifié au cours du 13e siècle. La première mention connue figure dans la charte de soumission de l’abbaye Sainte Marie de Valdieu à l’abbaye de la Chaise-Dieu donné par Agnès, la veuve de Frédéric de Toul et seigneur de Fontenoy, en octobre 1260 « en son château de Montreux ».
Construit au sommet d’une motte féodale quasi circulaire d’une cinquantaine de mètres de diamètre, il comportait deux niveaux et une cave et une prison en sous-sol. D’après une description du 18e siècle, on y comptait une douzaine de pièces et de nombreux petits « cabinets ». Un donjon fortifié et une tour dominaient l’ensemble. La motte était pourvue d’un chemisage de pierre qui constituait la défense ultime du site.
Cette motte était située dans la pointe de terrain marécageux limitée au sud par la Suarcine et au nord-ouest par la St Nicolas. Elle était entourée d’une basse-cour en forme de triangle où se trouvaient les communs, un jardin potager et un verger. Le tout était entouré d’une forte palissade en bois et le dispositif de défense était complété par un fossé joignant les deux rivières qui pouvait être mis en eau par un système de barrages mobiles. Un pont sur la St Nicolas flanqué de deux tours situé dans le prolongement de la rue de l’Ancienne Eglise permettait la communication avec le village.
Plusieurs fois remanié, le château fut abandonné au début du 18e siècle après le mariage de Marie Claire de Reinach-Montreux avec son cousin François de Reinach-Foussemagne et le décès de son père, Philippe Charles, le jeune couple ayant choisi de résider au château de Foussemagne. Il finit par s’écrouler faute d’entretien et seules les dépendances restèrent occupées jusqu’à la Révolution.
En 1791, les ruines furent vendues comme Bien National à un montreusien qui exploita le site comme carrière de pierres. C’est ce qui explique qu’il ne reste aujourd’hui quasiment aucunes traces de ce château à l’exception de quelques affleurements des fondations et de fragments du chemisage de la butte.
La seigneurie de Montreux et ses seigneurs
La famille des sires de Montreux a pour origine Robert de Fontenoy, chevalier, septième enfant de Ferry (= Frédéric) V, comte de Toul, et d’Agnès de Ferrette dont le mariage remonte au milieu du 13e siècle.
Divers biens sundgauviens apportés par Agnès passent à Robert puis à son fils Ferry pour lesquels ils sont vassaux des comtes de Ferrette. Ils possèdent en outre divers biens en Lorraine. Ces possessions constituant leur apanage principal, la famille se dira naturellement « de Montreux ».
Le fils de Ferry et d’Audate de Neublans, Didier de Montreux, chevalier et vassal de Jeanne de Ferrette (dernière comtesse de Ferrette de la famille éponyme), entre en possession de son héritage sundgauvien vers 1345. De sa première épouse, fille du sire de Montjoie, naîtra Jean de Montreux vers 1375. Sa seconde épouse, Guillemette, fille de Jean d’Auxelles, chevalier et sire de Melisey, lui donnera un autre fils, Georges, né vers 1380. Ce dernier sera l’auteur du rameau des Montreux, seigneurs de Melisey ; il recevra en héritage le château de Melisey et tout ce que les seigneurs d’Auxelles vassaux des comtes de Bourgogne tenaient en Franche-Comté.
Après avoir ravagé les terres du duc de Lorraine en compagnie de son père pendant la dernière partie du XIVè siècle, Jean de Montreux figure en 1424, parmi les défenseurs de Belfort durant la guerre dite des Gageries. Conseiller des princes d’Autriche, il intervient dans les litiges qui opposent la ville de Bâle à ses voisins. En 1445, en compagnie de Pierre et Conrad de Morimont et de Jean de Thierstein, il déclare la guerre à la cité de Bâle et occupe le château de Pfeffingen au sud de Bâle. Il épouse Marie de Graux qui lui apporte en dot d’importants biens en Lorraine dont la forteresse de Saint Baslemont dans le sud des Vosges. De ce mariage naîtra Frédéric de Montreux ; comme le Sundgau faisait partie des provinces de l’Autriche Antérieure, c’est de l’archiduc Sigismond qu’il recevra en 1458, l’investiture du fief de Montreux. Jean de Montreux était également le père de Georges, bâtard de Montreux, qui fut nommé prévôt de Belfort le 18 janvier 1455.
Georges de Montreux, fils de Didier, entra en possession de l’héritage de sa mère en 1407. Il s’agissait de la forteresse de Melisey en Haute-Saône et de plusieurs fiefs situés dans les Vosges Saônoises. Il reçut également la moitié de la seigneurie et du château de Montreux. De son épouse, Jeanne de Montjustin, il eut deux fils ; Jean, qui obtint en 1458, la part de la seigneurie de Montreux de son père ; et Didier, qui sera seigneur de Melisey.
Ainsi en 1458, la seigneurie de Montreux qu’avaient possédé Robert et ses descendants au cours des deux siècles précédents, se trouvait-elle partagée en deux. Frédéric de Montreux tenait les villages de Cunelières, Frais, Chavannes sur l’Etang, Chavannes les Grands, Lutran, Magny, Romagny et Valdieu ainsi qu’une partie du village de Petit-Croix ; Jean pour sa part, tenait Montreux-Jeune, Montreux-Vieux, Foussemagne, Bretagne et Fontaine. Le bourg de Montreux-Château et le château lui-même étaient communs.
De ses deux mariages avec Benedicte von Schellenberg et Yolande de Haraucourt, Frédéric de Montreux, chef de la branche aînée, avait eu cinq enfants. Après la mort de son fils unique, Adam, tué au siège de Salins, il obtint de l’archiduc Sigismond en 1475 que ses trois gendres soient co-investis de son fief de Montreux. Ainsi après sa mort en 1497, Louis de Reinach, Christophe de Hattstatt et Etienne de Saint-Loup deviennent coseigneurs de la part du fief de Montreux tenue par leur beau-père, augmentée des villages d’Eschêne et Autrage. Seul Louis de Reinach eut des héritiers mâles.
De son côté, Didier de Montreux, chef de la branche cadette, avait épousé Marguerite de Saint-Loup qui lui avait donné au moins cinq enfants dont Antoine et Georges de Montreux. Le premier joua un rôle politique important en se plaçant au service de Pierre de Hagenbach, le bailli de Charles le Téméraire pendant la période où le comté de Ferrette avait été engagé au duc de Bourgogne (1469-1474). En 1475, il avait récupéré la part du fief de Montreux tenue antérieurement par son oncle Jean de Montreux en 1467, lequel en avait été dépossédé par le pouvoir autrichien pour félonie. De sa mère, il avait hérité de biens importants dans les Vosges, notamment la seigneurie et le château des Thons. Il était donc également vassal du duc René de Lorraine. Il avait épousé Marie de Hagenbach fille du bailli de Charles le Téméraire, mais ce mariage était resté stérile. Après son décès en 1512, ses fiefs passèrent à son neveu, Guyot de Montreux, fils de Georges, seigneur de Melisey.
En 1549, celui-ci se trouvant dans une situation financière très délicate, vendit sa terre de Montreux pour 16000 florins à Nicolas Perrenot de Granvelle, conseiller et Garde des Sceaux de l’empereur Ferdinand d’Autriche. Ainsi, cette partie de la seigneurie de Montreux prit-elle le nom de Montreux-Granvelle.
Nicolas Perrenot mourut l’année suivante et l’investiture fut conférée à ses fils Frédéric et Thomas. Ces derniers étant morts sans postérité, l’empereur Maximilien accorda l’investiture en 1608, à Jean-Adam, Jean-Thiébaud et Melchior de Reinach (les trois fils d’Henri de Reinach et petit-fils de Louise de Montreux et d'Etienne de Saint-Loup évoqués plus haut) qui avaient acheté ce fief vacant.
Au cours du 17e siècle, l’histoire de ces deux demi-seigneuries de Montreux qui se trouvaient l’une comme l’autre en possession des Reinach fut particulièrement chaotique du fait des ramifications des différentes branches de cette famille et de la mort prématurée de plusieurs des porteurs de fiefs. La part de la seigneurie échue à Louis de Reinach – la seigneurie de Reinach-Montreux – passa ainsi de père en fils à Jean-Sébastien, puis Egmond, Jean-Jacques, Jean-Rodolphe et finalement aux deux frères, Philippe-Charles-Jacques et Humbert-Nicolas de Reinach.
Dans le même temps, l’autre partie de cette seigneurie – la seigneurie de Montreux-Grandvelle devenue entre temps de Reinach-Foussemagne – était passé dans les mains de Melchior de Reinach, puis de ses trois fils Jacques, Jean-Thiébaud et Jean-Henry ; ensuite, des trois fils de ce dernier, Melchior, Jean-Adam et Jean-Thiébaud ; puis, Jean-Henri, fils de celui-ci, et enfin, François-Guillaume, fils de ce dernier.
Après la guerre de 30 ans, les Reinach, ayant choisi le parti français contre leur ancien suzerain Habsbourg, purent conserver leurs fiefs en devenant vassaux du roi de France.
Le 21 septembre 1699, François Joseph Ignace fils de François-Guillaume de Reinach-Foussemagne épousa sa lointaine cousine, Marie-Claire, fille et seule héritière de Philippe-Charles-Jacques de Reinach-Montreux.
L’illustre famille de Montreux qui descendait trois fois en ligne directe de Charlemagne à travers les comtes de Montbéliard, les comtes de Bar et Ermentrude de Bourgogne, avait tenu cette seigneurie depuis le 13e siècle.
Grâce au jeu des alliances, elle avait étendu ses possessions sur tout l’est de la France ; historiquement vassale de l’empereur d’Autriche, elle avait également rendu foi et hommage aux ducs de Lorraine comme aux comtes de Bourgogne. Elle s’éteignit définitivement au début du 17e siècle avec Jean-Baptiste de Montreux, seigneur de Jasney, le dernier descendant de la branche de Melisey.
Le nom de Montreux avait également été porté au Moyen-Age par une famille de ministériaux étroitement liés aux princes-évêques de Bâle qui se faisait appeler de Montreux-Vieux et par une autre famille possessionnée à Chavanatte, Boron et Bourogne connue comme les Montreux de Chavanatte. Malheureusement, rien ne permet d’établir un lien entre elles et la famille de Montreux dont il est question plus haut.
La motte castrale aujourd’hui
Aujourd’hui, la plus grande partie du site de la motte castrale et son environnement immédiat qui étaient possédés par des propriétaires particuliers, sont entrés dans le patrimoine foncier communal. La motte a ainsi pu être débarrassée des arbres qui l’encombrait et empêchait de voir le site du château depuis la chapelle Ste Catherine. Un troupeau de chèvres assure désormais le débroussaillage du lieu.
Les projets
Une nouvelle campagne de fouilles de l’INRAP est programmée. Elle devrait permettre de disposer d’un diagnostic précis du site de l’ancien château et de la basse-cour et ainsi de pouvoir imaginer plus concrètement comment il pourra être mis en valeur.
D’ores et déjà, une passerelle légère a été jetée sur la St Nicolas ; elle a permis de reconstituer le lien entre les deux parties du site médiéval, la chapelle Ste Catherine et la motte castrale.