NAS
Cette semaine, nous allons parler d’un sujet que je n’ai encore jamais abordé dans l’émission : la religion. Mon invité s’appelle Nas, il est ex-musulman, youtubeur et activiste contre l’obscurantisme islamiste.
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Sur sa chaîne Une vérité par jour, il compile des témoignages d’ex-musulmans et d’ex-musulmanes qui racontent leur cheminement vers l’apostasie et partagent leur vision de la société musulmane, en abordant les aspects positifs et négatifs. Nas réalise également des traductions orales ou sous-titrées de débats sur la religion en dialecte algérien et en arabe. Mettre en lumière et démystifier le dogme islamique, tout en examinant les enjeux politiques et sociaux et en revendiquant le droit fondamental à la liberté d’expression : c’est le combat de Nas et c’est en grande partie le sujet de notre entretien.
« La démocratie, c’est haram. »
Les trois pépites de cet échange :
1) Pour créer une dictature religieuse et même une dictature tout court, commencez par instaurer un climat de peur autour de vous. La dictature, c’est avant tout la peur. Il y a quelques années, j’ai réalisé une interview de mon grand-père qui a vécu la dictature salazariste au Portugal. Je lui ai demandé s’il avait conscience à l’époque de vivre sous une dictature et sa réponse m’avait laissé très perplexe : « Bien sûr que non, m’avait-il dit, nous tout ce qu’on voyait c’était la peur. On avait peur de tout et tout le temps. » Quand une personne a peur, elle est beaucoup plus encline à se laisser influencer par des personnes qui exercent une forme d’autorité sur elle. Un climat de peur s’instaure : en utilisant tous les évènements extérieurs comme des prétextes – les séismes, les attentats, les potentielles ingérences étrangères ; en créant un discours unique qui écrase tous les autres (parler de l’enfer et expliquer dans les détails comment on va souffrir si on se comporte mal) ; et en mettant en scène l’omniprésence « des bons élèves » pour inciter les autres à en faire de même (les femmes qui portent le voile).
2) Ensuite, faites en sorte que cette peur devienne permanente et surtout irrationnelle : les gens ne doivent pas avoir peur d’une autorité humaine (qui est par définition, temporaire) mais d’une autorité supérieure, d’une autorité divine. Si l’on craint quelque chose d’invisible, qui est partout où l’on se trouve, qui nous voit même dans notre intimité, alors on se soumet tout le temps et on ne laisse plus aucune place dans notre vie pour une quelconque forme de subversion ou d’esprit critique. Dans le cas de l’Islam cela vous semble peut-être évident, mais rappelez-vous qu’il n’y a pas si longtemps, les autorités politiques en France usaient des mêmes procédés dans le contexte de la crise sanitaire.
3) Enfin, faites en sorte que les lois soient indiscutables et immuables. Nas nous dit très bien que dans l’Islam, la foi est secondaire. Ce qui compte, c’est de savoir que l’on a bien appliqué les règles et surtout de montrer aux autres que l’on a bien appliqué les règles. Si les lois humaines sont corrélées à la puissance invisible à laquelle on se soumet par peur, elles deviennent intouchables. Pour refaire le parallèle avec le Covid, combien de fois avons-nous entendu dire que nous étions confinés à cause du virus ? Dans les faits, nous n’étions pas confinés à cause du virus mais à cause des politiques qui avaient choisi volontairement le confinement comme mode d’action face au virus. Agrémentez tout cela de quelques biais de confirmation et vous avez là la recette du régime autoritaire parfait : si vous cherchez dans votre personnalité des éléments qui prouvent que l’Islam est bon (je suis généreux parce que je suis musulman), vous ajoutez vous-même de l’eau au moulin pour justifier le fait que Dieu est bon et que « sa loi » doit être respectée.
Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.
L’article NAS est apparu en premier sur Le Bazar Culturel.