Elections municipales - Le mot du maire sortant
Je veux d’abord exprimer ici tout le plaisir et la fierté que cela a été pour moi de servir le village pendant un mandat. Je ne vais pas faire la promotion de ce que l’équipe municipale a accomplit, réussit et (ou) raté, vous avez pu constater que je n’étais ni friand ni à l’aise dans l’exercice de l’auto-promotion et c’est une des raisons pour laquelle je n’ai jamais voulu organiser de séances de voeux du maire, ou de réunions d’auto-congratulation.
Chacun juge et jugera de ce mandat en son âme et conscience.
J’aurais énormément appris au cours de cet exercice, techniquement et humainement. J’ai mesuré à quel point la Démocratie doit à nos petites communes et par conséquence à quel point il est important, indispensable même, de les garder vivantes et actives, de les promouvoir et de les défendre. A Sainte Vertu, nous pouvons nous réunir de façon significative, tout le monde ayant la place et le temps de s’exprimer, des solutions sont régulièrement trouvées de façon collective…
Malgré tout cela, j’ai pris la décision de ne pas me représenter pas aux élections à venir.
La première raison est une raison de principe. Même si le déroulement de ce mandat à légèrement changé mon point de vue, j’étais convaincu dès 2020 qu’un maire ne devrait pas faire plus d’un mandat. Les raisons de ce point de vue sont liés à prémonition de l’inévitable usure qu’éprouve un maire et une équipe municipale, au conservatisme qui ne manque pas de s’installer dans les routines de l’équipe, au fait qu’attendent peut-être parmi les citoyens d’autres candidats, à l’énergie fraiche, aux idées nouvelles et inventives…
La deuxième de mes motifs est économique. Malgré la faible taille de la commune, la somme des compétences à traiter, des problèmes à régler, des réunions auxquelles assister (entre une et trois par semaine) m’a conduit à passer beaucoup de temps à la mairie.
En l’absence, dans nos petites communes, de personnel technique (urbanisme, voirie, traitement de l’eau, gestion des cimetières, juristes, économiste, comptables, etc…) le maire doit, s’il veut faire un travail digne de ce nom, investir beaucoup du temps à se former au début de son mandat (cela m’a pris au moins un an et ne s’arrête vraiment jamais), puis à traiter et suivre les dossiers. La première année de ce mandat j’étais à la mairie tous les jours. Par la suite j’y ai en moyenne passé trois jours par semaine. Les indemnités du maire d’une commune de cette taille, ne peuvent tout simplement pas permettre de survivre financièrement et le temps m’a manqué pour gagner, à côté de la mairie, ma vie de façon satisfaisante.
Pour finir, la notion de service a été le guide de ce mandat. Je suis convaincu, et je l’ai dit à qui voulait l’entendre, que le maire et la mairie sont là pour servir les habitants. Servir, pour moi, cela veut dire tenter de simplifier la vie, aider ceux qui en ont besoin, tenter de renforcer les liens, susciter des motifs de satisfaction et de fierté. Cela veut dire tenter de régler les problèmes collectifs et quelques fois aider à résoudre des problèmes personnels.
Je suis toujours parti du principe que les biens de la commune, matériels mais aussi humains, étant financés par les citoyens, appartiennent symboliquement aux habitants. C’est pourquoi j’ai toujours accepté de rendre service et (ou) de mettre à disposition, pour quelques heures, le cantonnier ou la secrétaire, une remorque ou une débroussailleuse, au service de ceux qui en avaient légitimement besoin. Cela a souvent engendré des remerciements, cela m’a aussi souvent été reproché…
On dit que les citoyens ne se manifestent que pour se plaindre… C’est malheureusement vrai.
La Mairie m’a conduit à la solitude et de Vertugadin parmi les vertugadins, invitant et régulièrement invité, je suis devenu Monsieur le Maire et uniquement Monsieur le Maire, l’homme auquel on ne s’adresse que pour se plaindre ou affronter un problème… Cette solitude me pèse aujourd’hui et contribue à me pousser à cette décision de ne pas me représenter…
Quoiqu’il en soit je reste profondément attaché à notre village et je continuerai, dans le futur, à le servir d’une façon ou d’une autre…
Je souhaite donc le meilleur à celles et ceux qui, je l’espère, décideront de s’investir pour le village et de le servir.
J’exhorte de tout mon coeur tous ceux qui viendront voter en Mars de garder à l’esprit ce point, fondamental, au moment de glisser leur bulletin dans l’urne : identifiez parmi les candidats, s’il y en a plusieurs, ceux qui veulent servir, qui veulent être utile à la collectivité et préférez les à ceux qui pourraient confondre mairie et commandement. La Mairie n’est pas un lieu de pouvoir, c’est un lieu de service.
Je vous remercie chaleureusement pour les six années de ce mandat qui s'achève et vous souhaite le meilleur pour le futur et une fertile réflexion en préparation des élections à venir.
Christophe Cheysson
