Au collège public, on agit contre les discriminations !
« Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends. » Ce proverbe chinois, le collège des Gorges de la Loire d’Aurec-sur-Loire s’est évertué à l’appliquer ce mercredi 5 octobre 2022 en accueillant, sous l’égide de la DILRAH, de l’UNFP et de la Mission locale de la Jeune Loire et ses rivières, la compagnie Trimaran et son spectacle interactif « Graine de supporters ».
Sensibiliser les élèves à la xénophobie, au sexisme, à l’homophobie
Questionner, interpeller, provoquer l’échange et la réaction, susciter la réflexion sur des thématiques fortes que sont la xénophobie, le sexisme, l’homophobie, tels sont les objectifs de l’action menée par la compagnie tarnaise. Ainsi, les quatre comédiens Mona, Muriel, Fanny et Yoann ont interprété devant l’ensemble des élèves de 4ème du collège des Gorges de la Loire « Graine de supporters », un spectacle mettant en scène les discriminations, les dérapages verbaux, les propos haineux, dont sont inévitablement témoins les élèves, auxquels ils sont parfois confrontés voire dont ils sont parties prenantes. Puis, de façon décomplexée, les comédiens ont échangé avec les élèves sur ces problématiques, en veillant à faire s’exprimer les élèves et à déconstruire certaines idées reçues : « un imbécile reste un imbécile, quelle que soit sa couleur. » Mais le cœur du dispositif, ce sont les élèves qui le font battre.
On joue, on fait jouer les adolescents, on les fait réagir
Assister à la mise en scène de discrimination, à la stigmatisation d’un bouc-émissaire qui n’est autre que… l’autre, ne suffit pas à lutter contre l’intolérance. Aussi, l’enjeu se trouve ailleurs : ainsi, après le temps de la discussion, les comédiens ont invité des élèves volontaires à monter sur scène et à jouer le rôle de personnages confrontés à des situations discriminantes.
Préparés par les comédiens professionnels de la compagnie, nos collégiens-graines-de-comédiens ont ainsi pu représenter la discrimination antijeune et xénophobe en interprétant une saynète dans laquelle une bande d’adolescents se voit refusée l’entrée d’un stade municipal parce qu’ « à chaque fois que des jeunes viennent ici, c’est le bazar », surtout quand ce sont « des jeunes de quartier populaire, un peu basanés, habitués à mettre le bazar » ; dans une seconde saynète, les élèves ont incarné le rôle de spectateurs venus assister à un match de football, aux côtés d’un individu qui, arrivant en retard, s’en prend aux « femmes au volant », savoure le fait d’être le conjoint d’une femme qui entretient la maison et cuisine pendant que lui, le mâle dominant, travaille pour gagner l’argent du foyer… ; la dernière situation montre que certains clichés ont la vie dure : est-on forcément « pédé » parce que l’on fait de la danse ? choisit-on d’être homosexuel ? Autant de questions posées, et sources de débats.
Le public lui-même acteur
Car face aux élèves-comédiens, ceux constituant le public sont eux-mêmes acteurs puisqu’ils sont invités à se manifester à chaque fois qu’une parole ou qu’une situation les heurte, à lever la main en signe de réprobation. C’est sans compter qu’à l’issue de chacune des représentations, les professionnels échangent avec les élèves sur ce qu’ils ont vu, compris ou pas, sur les mots et les attitudes acceptables ou intolérables, et sont invités à s’interroger sur leur propre comportement. Aussi, le côté ludique s’enrichit de la réflexion à brûle-pourpoint et d’une déconstruction par le débat des situations de discrimination. Enfin, une évaluation de l’action a été proposée dès le lendemain aux élèves, grâce à laquelle ils ont pu exprimer leur ressenti face au dispositif.
De facto, gageons que nos collégiens auront compris qu’ils ont entre leurs mains les clés du vivre-ensemble dans le respect de chacun, de sa nature et de sa singularité, et que ces petites graines de supporters germeront pour construire un monde plus vigilant et tolérant.