LE SON VERT

le son vert

Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas un grand amateur de musique techno. Pour autant, mes invités du jour donnent quelque peu « envie de clubber » avec leur musique qui mélange chanson française et sonorités techno/rave.

*****

Avec moi ce matin, Martin et Jeff du groupe Le Son Vert, « vos oncles fêtards qui débarquent en claquettes-chaussettes et lunettes de vitesse pour faire taper du même pied clubbers et teufeurs. » (Ce sont eux qui le disent !) Ensemble, nous allons bien entendu évoquer leur parcours mais aussi la façon dont s’est construit leur style et leur engagement artistique.

« La musique techno est en train de devenir la musique la plus écoutée après le rap. »

Les trois pépites de cet échange :
1) La direction artistique d’un projet peut se construire petit à petit. A l’heure où on parle beaucoup de professionnalisation et où les métiers de la scène sont finalement très représentés, on oublie parfois qu’au départ tout cela n’est qu’un jeu et que quand on crée, l’objectif premier n’est pas de gagner de l’argent mais de se faire plaisir tout en faisant passer des émotions à son public. Dans le cas du Son Vert, cette logique est clairement mise en évidence puisque comme ils le disent eux-mêmes, ils n’avaient pas plus d’ambition que cela au démarrage. C’est à force d’imiter d’autres artistes et d’essayer des choses différentes qu’ils ont fini par trouver leur propre voie, leur propre style et par avoir envie d’aller plus loin. Mais initialement – et c’est peut-être aussi ce qui fait leur force – ils ne mettaient pas d’enjeu derrière leur création.
2) Quand on observe leur parcours a posteriori, on ne peut s’empêcher de penser que c’est aussi parce qu’ils sont partis dans des directions très différentes qu’ils ont pu innover et donner à leur musique un style différent de la techno habituelle, en utilisant notamment du texte. C’est comme si le fait de tester des univers différents leur avait donné l’ouverture d’esprit nécessaire pour pouvoir sortir des sentiers battus. Je fais souvent le parallèle entre biodiversité, temps et démocratie et ce que l’on voit ici, c’est que c’est vrai également dans la création : plus un artiste cultive sa biodiversité, plus il est libre dans ses créations.
3) Le parcours du Son Vert m’amène à me questionner sur ce qu’est l’engagement artistique. Comment s’engage-t-on ? Comment devient-on un ou une artiste qui veut par son travail contribuer à l’amélioration de la société ? Et puis surtout, peut-on transformer un outil de consommation en arme politique ? En mettant du texte sur de la musique techno, conçue pour être consommée en temps de fête, ils hybrident les genres et permettent peut-être d’aller à la rencontre de publics différents de ceux qui sont déjà sensibles aux questions de société. C’est Erwin Piscator – metteur en scène allemand du 20ème siècle, fervent opposant au nazisme – qui disait que nous deviendrons forts et capables de vaincre le jour où nous utiliserons les outils et les créations du système pour pouvoir le contrer.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

L’article LE SON VERT est apparu en premier sur Le Bazar Culturel.