Cinema : La Bonne épouse à 20h00
mercredi 8 juillet à 20h00
(ce film sera egalement projeté ce vendredi 10 juillet à 20h00)
Titre du film : LA BONNE EPOUSE
Les écoles ménagères ... souvenirs, souvenirs....
De Martin Provost
Avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky
Nationalités : français, belge
Genre : comédie
Durée : 1h49mn
Synopsis et détails :
Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère. Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ?
Le tournage de ce projet au casting impressionnant (Yolande Moreau, Juliette Binoche, Noémie Lvovsky, Edouard Baer...) s'est installé en Grand Est fin août 2019 pour cinq jours, du côté d'Hunawihr et Bergheim en Alsace ainsi que de la route des Crêtes dans les Vosges.
Un film né d’une rencontre
La Bonne épouse est né d’une rencontre. Martin Provost avait loué un été une maison dans le Cotentin qui appartenait à une dame de 80 ans. Elle lui a raconté comment elle avait décidé, après la guerre, de ne pas faire d’études, contre l’avis de ses parents, parce qu’elle préférait aller à l’école ménagère pour rester avec ses copines. Le réalisateur se rappelle : "Je ne savais pas exactement ce qu’était une “école ménagère“, mais l’entendant me parler de son expérience, j’ai vu des images défiler. Avec ma co-scénariste Séverine Werba, nous avons tout de suite lancé des recherches. Oui, il y a bien eu une époque où l’on enseignait aux jeunes filles à devenir des épouses parfaites. Autour de nous, des témoignages directs attestaient de cette époque révolue et en même temps pas si lointaine. Aux archives de l’INA, nous avons même déniché des documentaires étonnants sur ces écoles. Je me souviens de ma stupeur quand une présentatrice de l’époque, sosie de Denise Fabre, racontait avec beaucoup de sérieux qu’une repasseuse digne de ce nom ne pouvait terminer ses deux années d’apprentissage que par la chemise de monsieur, qui consacrait en elle la bonne épouse."
Thématique fétiche
Pourquoi en 1967-1968 ?
Martin Provost a situé l'intrigue de La Bonne épouse en 1967-1968, parce qu’après 1970-71, toutes les écoles ménagères ont disparu. Il précise : "Et il y en avait énormément jusque-là. Des grandes, des petites, quelques écoles plus bourgeoises, mais surtout des écoles dites rurales, puisque la France était encore à 30% rurale. C’est une donnée très importante. Il y avait Paris, et la Province. Mai 68 va tout faire voler en éclat: c’est le point de départ d’une formidable prise de conscience, qui allait accélérer le mouvement d’émancipation des femmes."
Marqueurs de l’époque
Il y a, dans La Bonne épouse, tous les marqueurs de l’époque où le film se situe : Adamo, Joe Dassin, Menie Grégoire, Guy Lux ou encore Anne-Marie Peysson. "Le grand fossé entre Paris et la Province. Dans ma jeunesse, Paris incarnait le rêve absolu. La rapidité des transports et des moyens de communication a changé la donne. D’ailleurs on ne dit plus la Province mais les Régions. Avec Séverine nous avons très vite pensé à l’Alsace parce que c’est une région qui a beaucoup souffert de la Seconde Guerre mondiale. Une région éloignée, sauvage, comme l’était la Bretagne de mon enfance", raconte Martin Provost.
L’Enseignement ménager
Dans la foulée de l’ouverture de la première Ecole professionnelle et ménagère de jeunes filles à Reims, en 1873, l’enseignement ménager se développe en France. Il se déploie à travers plusieurs disciplines : la puériculture, l’hygiène alimentaire, la cuisine, l’entretien de la maison, le blanchissage, le repassage, l’entretien des vêtements, la couture, divers travaux manuels dont le jardinage, éventuellement l’élevage, etc.Pendant l’entre-deux-guerres, notamment sous l’impulsion de la journaliste Paulette Bernège apparaît une approche scientifique des "arts ménagers". Il s’agit de rationaliser le travail domestique, notamment en réorganisant – pour celles qui en ont les moyens ! – la topographie des cuisines, et en y incluant les nouveaux appareils ménagers. L’épanouissement est factice : il s’agit de ne pas montrer les tâches domestiques comme des activités subalternes, mais comme des tâches de gestion qui pourraient même combler les ambitions professionnelles de certaines épouses.De façon plus globale, il s’agit de faire en sorte que l’activité professionnelle des femmes ne se développe pas au détriment de leur rôle à la maison. Il s’agit aussi "d’éduquer" celles qu’on croit être des proies vulnérables pour la consommation de masse.Mais si cet enseignement paraît aujourd’hui conservateur, ses promoteurs sont souvent des pédagogues réformateurs. Inspectrice générale de l’enseignement ménager, Ginette Mathiot ambitionna, en vain, d’étendre cette matière aux garçons. Justement, l’enseignement ménager ne résistera pas à la mixité scolaire et plus globalement à l’évolution des mœurs. Comme l’écrit l’historienne Rebecca Rogers : "L’éducation ménagère est le symbole d’un monde social où les femmes sont clairement inférieures aux hommes, vouées à la gestion intérieure, laissant au sexe fort la gestion de la chose publique."
(ce film sera egalement projeté ce vendredi 10 juillet à 20h00)
Titre du film : LA BONNE EPOUSE
Les écoles ménagères ... souvenirs, souvenirs....
De Martin Provost
Avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky
Nationalités : français, belge
Genre : comédie
Durée : 1h49mn
Synopsis et détails :
Tenir son foyer et se plier au devoir conjugal sans moufter : c’est ce qu’enseigne avec ardeur Paulette Van Der Beck dans son école ménagère. Ses certitudes vacillent quand elle se retrouve veuve et ruinée. Est-ce le retour de son premier amour ou le vent de liberté de mai 68 ? Et si la bonne épouse devenait une femme libre ?
Le tournage de ce projet au casting impressionnant (Yolande Moreau, Juliette Binoche, Noémie Lvovsky, Edouard Baer...) s'est installé en Grand Est fin août 2019 pour cinq jours, du côté d'Hunawihr et Bergheim en Alsace ainsi que de la route des Crêtes dans les Vosges.
Un film né d’une rencontre
La Bonne épouse est né d’une rencontre. Martin Provost avait loué un été une maison dans le Cotentin qui appartenait à une dame de 80 ans. Elle lui a raconté comment elle avait décidé, après la guerre, de ne pas faire d’études, contre l’avis de ses parents, parce qu’elle préférait aller à l’école ménagère pour rester avec ses copines. Le réalisateur se rappelle : "Je ne savais pas exactement ce qu’était une “école ménagère“, mais l’entendant me parler de son expérience, j’ai vu des images défiler. Avec ma co-scénariste Séverine Werba, nous avons tout de suite lancé des recherches. Oui, il y a bien eu une époque où l’on enseignait aux jeunes filles à devenir des épouses parfaites. Autour de nous, des témoignages directs attestaient de cette époque révolue et en même temps pas si lointaine. Aux archives de l’INA, nous avons même déniché des documentaires étonnants sur ces écoles. Je me souviens de ma stupeur quand une présentatrice de l’époque, sosie de Denise Fabre, racontait avec beaucoup de sérieux qu’une repasseuse digne de ce nom ne pouvait terminer ses deux années d’apprentissage que par la chemise de monsieur, qui consacrait en elle la bonne épouse."
Thématique fétiche
Pourquoi en 1967-1968 ?
Martin Provost a situé l'intrigue de La Bonne épouse en 1967-1968, parce qu’après 1970-71, toutes les écoles ménagères ont disparu. Il précise : "Et il y en avait énormément jusque-là. Des grandes, des petites, quelques écoles plus bourgeoises, mais surtout des écoles dites rurales, puisque la France était encore à 30% rurale. C’est une donnée très importante. Il y avait Paris, et la Province. Mai 68 va tout faire voler en éclat: c’est le point de départ d’une formidable prise de conscience, qui allait accélérer le mouvement d’émancipation des femmes."
Marqueurs de l’époque
Il y a, dans La Bonne épouse, tous les marqueurs de l’époque où le film se situe : Adamo, Joe Dassin, Menie Grégoire, Guy Lux ou encore Anne-Marie Peysson. "Le grand fossé entre Paris et la Province. Dans ma jeunesse, Paris incarnait le rêve absolu. La rapidité des transports et des moyens de communication a changé la donne. D’ailleurs on ne dit plus la Province mais les Régions. Avec Séverine nous avons très vite pensé à l’Alsace parce que c’est une région qui a beaucoup souffert de la Seconde Guerre mondiale. Une région éloignée, sauvage, comme l’était la Bretagne de mon enfance", raconte Martin Provost.
L’Enseignement ménager
Dans la foulée de l’ouverture de la première Ecole professionnelle et ménagère de jeunes filles à Reims, en 1873, l’enseignement ménager se développe en France. Il se déploie à travers plusieurs disciplines : la puériculture, l’hygiène alimentaire, la cuisine, l’entretien de la maison, le blanchissage, le repassage, l’entretien des vêtements, la couture, divers travaux manuels dont le jardinage, éventuellement l’élevage, etc.Pendant l’entre-deux-guerres, notamment sous l’impulsion de la journaliste Paulette Bernège apparaît une approche scientifique des "arts ménagers". Il s’agit de rationaliser le travail domestique, notamment en réorganisant – pour celles qui en ont les moyens ! – la topographie des cuisines, et en y incluant les nouveaux appareils ménagers. L’épanouissement est factice : il s’agit de ne pas montrer les tâches domestiques comme des activités subalternes, mais comme des tâches de gestion qui pourraient même combler les ambitions professionnelles de certaines épouses.De façon plus globale, il s’agit de faire en sorte que l’activité professionnelle des femmes ne se développe pas au détriment de leur rôle à la maison. Il s’agit aussi "d’éduquer" celles qu’on croit être des proies vulnérables pour la consommation de masse.Mais si cet enseignement paraît aujourd’hui conservateur, ses promoteurs sont souvent des pédagogues réformateurs. Inspectrice générale de l’enseignement ménager, Ginette Mathiot ambitionna, en vain, d’étendre cette matière aux garçons. Justement, l’enseignement ménager ne résistera pas à la mixité scolaire et plus globalement à l’évolution des mœurs. Comme l’écrit l’historienne Rebecca Rogers : "L’éducation ménagère est le symbole d’un monde social où les femmes sont clairement inférieures aux hommes, vouées à la gestion intérieure, laissant au sexe fort la gestion de la chose publique."