Appel des maires de France pour le retour à la paix civile, report du comité interministériel des villes
Cet appel intervient après que plusieurs centaines de communes ont été le théâtre d’affrontements violents, souvent marqués par la mise à sac ou l’incendie de bâtiments communaux – mairies, mairies annexes, maisons de quartier, écoles, bibliothèques, crèches, infrastructures de transport… Des maires ont également été pris à partie, jusqu’à la très violente agression du maire de l’Haÿ-les-Roses (lire article ci-dessous).
Les autres associations d’élus relayent
L’appel de l’AMF à des rassemblements devant les mairies a été relayé par de nombreuses autres associations d’élus, qui s’y « associent » : c’est le cas de l’APVF (petites villes), de Villes de France, des maires ruraux (« Tous devant nos mairies lundi à 12 h » , twittait hier le président de l’AMRF, Michel Fournier). France urbaine, sans appeler officiellement à se joindre à cet appel, a tout de même retwitté l’appel de l’AMF. François Sauvadet, au nom de Départements de France, a également relayé cet appel, tout comme Carole Delga pour Régions de France.
Le gouvernement a lui aussi décidé de s’associer : la ministre chargée des Collectivités territoriales, Dominique Faure, a annoncé hier qu’elle se rendrait personnellement au rassemblement prévu à midi devant la mairie de Bures-sur-Yvette (91).
Par ailleurs, on apprend ce matin que le président de la République, Emmanuel Macron, recevra demain à l’Élysée les maires des « plus de 220 communes victimes d’exaction » , d’après une information de l’AFP. Auparavant, il aura reçu, aujourd’hui, les présidents des deux chambres, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, tandis que la Première ministre recevra les présidents de groupe du Parlement. Le chef de l’État, indique l’AFP, « souhaite débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements ».
CIV reporté à la rentrée
Ce travail va, probablement, déboucher sur une refonte des mesures envisagées dans le cadre du Comité interministériel des villes. Rappelons que celui-ci devait se tenir vendredi dernier, pour la première fois du quinquennat, avec la présentation attendue du plan Quartiers 2030
La Première ministre avait choisi la ville de Chanteloup-les-Vignes pour ce rendez-vous attendu depuis des mois par les maires comptant sur leur territoire un ou plusieurs quartiers dits prioritaires de la politique de la ville (QPV). Ce CIV devait donner le cadre des futurs contrats de ville appelés à succéder, au 1er janvier 2024, aux contrats actuels.
Las, les émeutes ont obligé le gouvernement à reporter le rendez-vous. Plus exactement, le comité interministériel s’est bien tenu vendredi matin, mais « rapatrié » à Matignon, et avec un ordre du jour largement bousculé, « essentiellement consacré à un constat sur la situation » rapporte l’association Ville et Banlieue. Le CIV consacré aux contrats de ville est, lui, reporté à la rentrée, sans plus de précision sur la date.
Les maires eux-mêmes ont été parmi les premiers à déconseiller au gouvernement de maintenir le CIV sous sa forme initiale. « D’autant qu’il risquait de n’y avoir pas vraiment d’annonce sur le fond, avec le risque de nouvelles frustrations » , glisse un élu. Car la teneur des annonces prévues par ce CIV ne semblaient pas, aux yeux de certains, à la hauteur des enjeux. Ce que traduit le communiqué de l’association Ville et Banlieue de vendredi 30 juin. Il est « important qu’une politique de droit commun (soit) fléchée sur (ces) territoires » , les associations – « qui ont déjà joué un rôle essentiel pendant le Covid » – ont « besoin d’un soutien urgent », les élus mettent donc la pression pour que ces deux mois soient « mis à profit pour l’annonce de mesures à la hauteur des enjeux ».
« Cette crise renvoie à ce que les maires disent depuis longtemps sur la nécessité absolue de donner aux pouvoirs locaux les moyens et l’entière responsabilité de conduire les politiques de proximité. Au temps des injonctions descendantes doit succéder celui des libertés locales et de la responsabilité » , argumente l’AMF dans son communiqué de dimanche.
Les associations d’élus avaient déjà prévu de se réunir pour une commission politique de la ville le 12 juillet. Le sujet des futurs « contrats de ville » est pour l’heure inscrit en point info du prochain congrès des maires de France.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du lundi 3 juillet 2023