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Une TRISTE fin pour le Club des Jours HEUREUX

Une TRISTE fin pour le Club des Jours HEUREUX - De la reconnaissance de l'engagement associatif
* le témoignage de Nicole FRAISSARD *

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Lors de l’assemblée Générale du Club des Jours Heureux du mardi 7 mars 2023, faute de candidats à la succession du bureau, l’association a été dissoute. Au terme de cette réunion, nous avons rencontré Nicole Fraissard, Présidente du Club des Jours Heureux de 2011 à 2023 pour recueillir son témoignage autour de cette triste issue.

MLR – Depuis quand êtes-vous membre du Club Les Jours Heureux ?
Nicole FRAISSARD – « Avant 2008, je participais déjà ponctuellement. En 2008, la présidente de l’époque, Thérèse FUDRAL m’a demandé d’intégrer le bureau en tant que secrétaire pour leur donner un coup de main et les aider – elle était alors un peu décontenancée, car il n’y avait que 20 adhérents à l’époque. En 2011, je suis devenue Présidente en succédant à Monique GERACI ».

MLR – Combien d’adhérents comptiez-vous ?
Nicole FRAISSARD – « Sous ma présidence, nous sommes montés jusqu’à 65 adhérents. Actuellement, nous étions 58. »

MLR – De qui était composé le dernier bureau ?
Nicole FRAISSARD – « M’accompagnaient, Elodie VEILEX secrétaire, Arlette NOIR trésorière, ainsi que les membres, Monique GERACI, Jacqueline VILLAZ et Marius OTTOBON. »

MLR – Quel était l’objet de l’association ?
Nicole FRAISSARD – « C’est une association de loi 1901 qui avait pour objectif de développer les activités entre les personnes de plus de 65 ans initialement. Quand je suis entrée à l’association, la limite d’âge a été supprimée pour ouvrir l’accès à davantage de monde. L’association est elle-même adhérente de la Fédération des Aînés Ruraux de La Savoie. Cela nous permet de disposer d’assurances ou d’une assistance en termes de conseils. »

MLR –
Quelles étaient les activités de l’association ?
Nicole FRAISSARD – « Le jeudi matin nous vendions des bugnes faites maison devant l’Office de Tourisme. Nous le faisions à tour de rôle. Nous vendions aussi nos confitures – framboise, myrtille- que nous allions cueillir dans la montagne. Le mardi après-midi, aux Eucherts, nous confectionnions sur place des bugnes. Nous amenions la pâte, des friteuses et nous les cuisions sur site. C’était une très bonne activité qui occupait bien les vacanciers et qui était intéressante. On leur donnait la recette !
Grâce à ces revenus, nous organisions deux journées de visite dans l’année – on prenait un car ; on faisait une visite, on mangeait au restaurant. Et, une fois par an, on partait 8 jours en vacances, en France mais aussi à l’étranger, l’Espagne, l’Italie, la Croatie…
Avec nos recettes, et la subvention de la mairie, nous apportions une aide aux personnes de l’association pour réaliser ce voyage. Nous établissions des tranches d’aides en fonction de l’implication des personnes dans l’association.
Pendant l’année, nous faisions aussi des repas 100% maison…avec des produits travaillés par Monique GERACI qui faisait le repas ; en ce qui me concerne je m’occupais des desserts. On passait des bonnes journées. Nous étions une soixantaine. Nous faisions aussi le repas de Noël avec deux entrées etc…merci à Monique qui nous a régalés toutes ces années ! »


MLR – Quelle est la situation de l’association aujourd’hui ?
Nicole FRAISSARD – « Malheureusement, l’association s’arrête. Il n’y a personne qui veut reprendre le flambeau pour l’instant. J’en ai gros sur le cœur. Je pensais que quelqu’un allait reprendre, mais je ne suis pas très surprise car sur les 58 adhérents, seuls 12 sont de Montvalezan. »

MLR – Quel facteur a amené votre décision de mettre un terme à votre fonction ?
Nicole FRAISSARD – « Ce qui m’a le plus impacté, c’est l’agressivité. J’ai supporté un temps et là je suis lassée. À la suite du COVID, cela a été très difficile de faire respecter certaines règles. Les gens étaient en colère. Il y avait de la tension. Cela m’a fait de la peine. Je faisais cela avec mon cœur, avec passion. C’est vrai que cette tension ne me convenait plus. J’étais là pour faire plaisir ; cela m’a beaucoup peiné que les gens m’agressent sur des choses dont je n’étais pas responsable en fait. C’était aussi énormément de travail. Par exemple, la préparation de la fête des Clarines nous prenait un mois…l’organisation de la journée, la tombola… je n’ai jamais compté mes heures ; je l’ai toujours fait avec passion. J’avais un bureau extraordinaire qui m’a tout le temps suivi. C’est une déception. »

MLR – Personne ne souhaite prendre votre relais, quel est votre sentiment ?
Nicole FRAISSARD – « Moi je suis triste. Quand on est venu me chercher, c’était pour redonner un peu d’élan à l’association. Je m’étais renseignée auprès de la Fédération pour identifier des actions à mener…supprimer la limite d’âge ; ouvrir aux extérieurs de la commune…nous étions remontés à 65 adhérents. J’ai reçu beaucoup d’amour, mais c’est vrai que cela m’embête qu’il n’y ait pas eu davantage d’adhérents de Montvalezan. Ce n’était d’ailleurs pas évident de gérer cette situation par rapport à la subvention communale. »

MLR – Existe-t-il selon vous encore une solution, un espoir, pour sauvegarder l'association ?
Nicole FRAISSARD – « On a retiré la limite d’âge pour permettre à davantage de monde d’adhérer…je ne comprends pas…comment cela se fait-il qu’il n’y ait pas de gens motivés pour continuer cela…moi-même, j’étais rentrée dans l’association à l’âge de 45 ans J’ai fait connaître Montvalezan dans les communes autour…nous étions reconnus comme un club dynamique, que nous faisions de belles choses. Le Président de la Fédération est venu en Assemblée Générale et nous a remerciés de notre travail. »

MLR – Selon vous, est-ce dommageable pour notre population et le bien vivre à Montvalezan que cette association mette un terme à son activité ?
Nicole FRAISSARD – « Je trouve dommage qu’elle s’arrête car cela faisait une association de plus sur Montvalezan. C’était une association qui montrait notre envie de vivre et de partager des choses. »

MLR – Est-ce que la disparition de cette association pourrait avoir pour effet de réduire les liens entre les personnes ?
Nicole FRAISSARD – « Non pas forcément. A la mairie, il y a un bon relais. Des choses sont mises en place. Je ne sens pas les personnes isolées. »

MLR – Quels sont vos meilleurs souvenirs de Présidente du Club des Jours Heureux ?
Nicole FRAISSARD – « Les voyages ! Les journées ! Voir les sourires sur les visages des personnes. Quand vous organisez quelque chose et que les gens vous disent- qu’est-ce que c’est beau ! – quelle journée ! – qu’est-ce qu’on a bien mangé !– voir que les gens sont contents et voir leur sourire…j’avais rempli mon rôle. Pour moi, nos deux plus beaux voyages ont été le dernier en Bretagne qui était merveilleux et le Périgord Noir. Le contenu de ces voyages m’a enchanté. »

MLR – En tant que Présidente, organiser un voyage, c’est beaucoup de travail de l’ombre et beaucoup de responsabilité, n’est-ce pas ?
Nicole FRAISSARD – « Oui, la responsabilité et la sécurité sanitaire des participants…c’est affreux. Chaque fois qu’on faisait un voyage, on priait pour que tout se passe bien. Le premier voyage, une dame est tombée malade et on n’avait pas de carte européenne…toutes les deux heures, j’allais lui prendre la température, la tension car j’étais un peu du métier. On priait pour que ça ne devienne pas plus grave. J’ai dit on ne peut pas recommencer comme ça. Toutes les années, je sortais grandie en tirant les enseignements des aléas. Je me disais que je ne referai pas de la même façon. Par exemple, le nom sur les bagages, l’ordonnance des médicaments… plein de petites améliorations à chaque voyage…maintenant, nous étions au top pour que tout le monde puisse passer un bon voyage. »

MLR – Concernant les anecdotes, j’ai appris lors de cette assemblée générale que vous faisiez même don de votre corps à l’association (sourire). Pouvez-vous nous expliquer ?
Nicole FRAISSARD – (rire) « Oui, c’était à la cueillette des myrtilles. J’ai glissé et quitte à perdre la vie, je faisais des cabrioles et roulades sans lâcher le seau car je ne voulais pas que les myrtilles tombent. Mais après je suis allée chez l’ostéopathe et j’étais démontée, du doigt de pied jusqu’aux épaules, j’étais toute en vrac…(rire). »

MLR – Vous qui vous avez participé activement à la vie associative pendant de longues années, plus généralement, que pensez-vous de l’engagement bénévole à notre époque ?
Nicole FRAISSARD – « Le bénévolat est très compliqué. Je me rappelle, au début, quand on s’inscrivait pour une activité dans le club, on tenait son engagement jusqu’au bout. Cet été 2022, il y avait 4 ventes à faire, j’étais obligée d’aller remplacer la personne inscrite qui ne venait pas. Il n’y a plus de motivation je trouve ; il n’y a plus d’engagement réel. »

MLR – Avec votre retour d’expérience, existerait-il des solutions, des idées, qui pourraient relancer cette fibre de l’engagement bénévole ?
Nicole FRAISSARD – « C’est la même situation un peu partout en France. Je pense que les personnes deviennent égoïstes et individualistes. Donner du temps pour les autres, plus personne ne veut le faire. J’ai toujours fait partie d’associations. Il ne faut pas compter son temps, il faut le faire avec son cœur avant de compter ses heures. »

MLR – Quel bilan personnel tirez-vous de votre expérience de Présidente du Club des Jours Heureux ?
Nicole FRAISSARD – « Je ne regrette absolument rien ; j’ai vécu vraiment des bons moments ; cela a été du bonheur. Il n’y a que les dernières années qui ont été plus dures à régler. Je souhaite remercier la municipalité et l’Office de Tourisme, pour l’engagement qu’ils ont eu au niveau du Club. Je remercie monsieur le Maire, le Président de l’Office de Tourisme ainsi que la direction de l’Office de Tourisme. Je salue l’engagement de ces deux structures. Je remercie le personnel des deux structures pour leur bienveillance . Ils nous ont toujours accueilli avec un mot gentil. L’Office de Tourisme nous a mis à disposition un placard pour laisser sur place nos confitures et limiter les manipulations chaque semaine. Un engagement sans failles des deux côtés. Merci à tout le monde. »
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LE MOT DE MONSIEUR LE MAIRE, Jean-Claude FRAISSARD
Jean-Claude FRAISSARD – « Je souhaitais venir à cette dernière assemblée générale par reconnaissance pour vous tous et en particulier pour Nicole qui s’occupe du Club des Jours Heureux depuis 15 ans. Elle est arrivée en 2008 comme secrétaire puis a pris la présidence en 2011. C’est beaucoup de travail, beaucoup de persévérance. C’est aussi beaucoup d’amour. Je pense qu’elle en reçu aussi. La Mairie de Montvalezan souhaitait remettre à Nicole ce trophée en reconnaissance de son engagement associatif et sa participation active au bien vivre à Montvalezan. Le Club était bien étoffé ces dernières années. Ce n’est pas une seule personne qui fait tourner la boutique. J’en profite donc pour remercier aussi, tous ceux qui ont collaboré. J’espère que le Club reviendra et qu’il ne s’agit que d’une pause ».
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L'HISTOIRE DE LA CREATION DU CLUB DES JOURS HEUREUX, par ARLETTE NOIR, Trésorière
ARLETTE NOIR – « L’abbé Jacques Poupon en recherche d’un lieu pour faire découvrir la montagne aux enfants de Sens (Yonne) a découvert Les Eucherts en 1955 et dès l’été 1956 des centaines d’enfants ont parcouru la montagne à partir du bâtiment - le Ramoneur-. Au cours des années qui ont suivi, des liens très forts se sont tissés avec les habitants des hameaux et l’Abbé s’est rendu compte que les anciens, agriculteurs accrochés à leur montagne, ne connaissaient pas d’autres lieux (leur seul voyage avait été l’exode de juin 1940 quand l’Italie a déclaré la guerre à la France et les habitants de la Haute-Tarentaise ont été évacués dans la Drôme ou la Haute-Loire). En 1977, - le Ramoneur- vieillissant (bâtiment récupéré chez EDF après la construction du barrage de Tignes; anciens logements des ouvriers) est  remplacé par un nouveau bâtiment -  le Solaret-. En septembre 1980, l’Abbé invite dans ce restaurant les anciens de la commune. 86 retraités se retrouvent au Solaret un dimanche et le repas fini, il leur explique son projet. Il veut emmener ces personnes découvrir la France, et même un peu au-delà des frontières, Andorre, le Tyrol, l’Italie…… et bien sûr quelques beaux coins de France.  Tout heureux, il m’a raconté que ce jour-là, à la fin de l’après -midi, le Club était lancé, avec lui à sa tête mais il avait déjà constitué son bureau (secrétaire, trésorier…). Il a fait sa lettre au maire de l’époque, à la Préfecture pour l’enregistrement, et le Club des Jours Heureux a démarré. Avec les bonnes volontés de l’époque, il avait obtenu la disponibilité de l’étage de l’Office de Tourisme à La Rosière et la journée du jeudi leur était réservée. Les dames tricotaient, les messieurs sculptaient des objets en bois (les ancêtres de nos pots de confiture de myrtilles……) pour vendre aux vacanciers et récolter ainsi des subsides pour les voyages. Après avoir fait connaître la montagne aux enfants (en juillet) et aux familles (en août) de Sens, il a fait le grand écart en proposant la découverte d’autres lieux aux aînés de Montvalezan. »
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LES CHIFFRES RECORDS du CLUB DES JOURS HEUREUX
1000 pots de confitures produits sur une année
200 kg de cueillette de myrtille en une journée à 4
50 kg de pâte à bugnes à l’occasion de la fête des Clarines

EN EXCLUSIVITE, LA RECETTE DES BUGNES DU CLUB DES JOURS HEUREUX
1 kg de farine
1 pot de crème fraîche liquide
200 g de sucre
2 sachets de vanille
2 sachets de levure rose
6 œufs
On mélange, on fait une boule, on laisse reposer 30 minutes, on étale, on coupe en losanges, on fait frire à la friteuse.