Vie Locale - Agriculture - Odieuse Est Distinguée

 

MLR – Grégory, pouvez-vous nous présenter votre structure ?
Grégory MAITRE – « Avant, c’était ma maman, Nicole, qui était exploitante en brebis. Je me suis installé sur la structure familiale à l’automne 2017 en vaches laitières. Ensuite on a créé le GAEC de La Roche au 1er avril 2018. Depuis, nous sommes principalement en activité vaches laitières. Toutefois, nous avons toujours des brebis à viande. Notre troupeau est constitué de vaches de race Tarine à l’exception de 2 vaches de race Abondance. Nous sommes conformes au cahier des charges « Beaufort ». Nous comptons actuellement une cinquantaine de vaches laitières sans compter les génisses, les veaux et une quarantaine de brebis. Je ne pense pas qu’on augmentera le nombre de têtes. En ce moment, la traite produit entre 400 et 500 L de lait/jour. Le lait est vendu à la coopérative Beaufort. Toutes les vaches n’ont pas encore vêlé. Nous avons encore un bon passage sur avril mai pour vraiment faire du lait l’été. On va lâcher les bêtes au mois de mai, on va tout d’abord pâturer sur la commune puis on estive sur deux alpages…une partie sur Tignes et une partie sur La Bâthie. D’autres exploitants prennent alors en charge nos laitières, ce qui nous permet de nous occuper des génisses qui sont sur Plan Pigeux et de faire les foins. Durant l’été, mon frère Arnaud est salarié avec nous. Il est en cours d’installation sur le GAEC, nous prévoyons cela au printemps 2024. 

MLR – Vous vous êtes présenté au Concours Agricole Général de Paris cette année pour la première fois. Comment se passe la démarche de sélection ? Comment s’organise le déplacement ?
Grégory MAITRE – « C’était la première fois que nous participions à un concours. Nous avons déposé notre candidature via une fiche de renseignements à compléter. La génétique doit être précisée. Il doit notamment y avoir 3 générations de reconnues avant donc certifiées par la race comme étant de pures Tarines, avec des taux à respecter sur la qualité du lait par exemple. Divers seuils doivent être atteints. Le technicien de la race passe voir toutes les exploitations et sélectionne les 16 meilleures vaches pour aller se présenter à Paris. Début février, nous avons su que notre vache, Odieuse, était retenue. L’UPRA (Union Pour la Race) Tarentaise organise le transport. Nous avons amené Odieuse au rendez-vous à Séez le vendredi 24 mars à 3 heures du matin. 12 vaches de la vallée sont parties en camion à Chambéry puis une semi-remorque a pris la suite pour acheminer l’ensemble de vaches de la zone Beaufort jusqu’à Paris (Beaufortin, Tarentaise, Maurienne…). Un autre regroupement a été effectué pour le secteur Bauges, Val d’Arly. Elles sont arrivées à Paris le soir après plusieurs arrêts. Les bêtes passent 9 heures dans le camion. Elles ont à boire. Le voyage s’est très bien passé pour Odieuse. Elle n’a pas été malade. Elle a très bien vécu le voyage…elle serait restée ici, cela aurait été pareil…on n’a pas vu de différences, oui, impressionnant.
Notre concours se déroulait le mercredi 1er mars. Toute la semaine, elle a donc pu s’acclimater. Elle était de retour sur l’exploitation le lundi 6 mars après un voyage de nuit. Je n’ai pas pu me rendre personnellement à Paris. Je devais rester à La Rosière car je travaillais à la DSR cet hiver. C’est un copain à moi qui s’en est occupé pour les 10 jours.

MLR – Une préparation spécifique de la vache est-elle requise avant le concours ?
Grégory MAITRE – « Quand nous avions eu connaissance de sa sélection pour Paris, nous n’avons pas changé sa ration alimentaire. C’est quitte ou double. On a simplement appris à Odieuse à marcher au licol. On l’habitue déjà 3 semaines avant pour bien qu’elle suive et qu’elle s’arrête quand il le faut. Avant le départ, nous avons fait une tonte. A Paris, les vaches sont lavées tous les jours pour qu’elles soient présentables. Le jour de concours, une attention plus importante est apportée pour que les vaches soient parfaites. Elles sont déjà maquillées naturellement (sourire). »

MLR – Comment se déroule le concours ? Comment l’avez-vous vécu ?
Grégory MAITRE – « Les vaches sont 4 par sections. Odieuse était en section dite seconde lactation, car elle a fait son deuxième veau. Elles marchent sur un ring. Le juge les observe…leur façon de marcher, leur morphologie, la mamelle, l’état corporel et il détermine le classement. J’ai suivi en direct et en vidéo le concours. On l’a vu monter sur le podium. On était vraiment contents ! Le fait de pouvoir participer était déjà une belle satisfaction et faire un deuxième prix, on n’en revenait pas ! Nous étions contents et fiers ! Cela n’arrive pas tous les jours. C’est la première vache de la commune qui est montée à Paris. Nous avions identifié le potentiel d’Odieuse parmi notre troupeau et c’est pour cela que nous avions décidé de l’inscrire. Mais, jusqu’au concours, il subsiste toujours un doute. »

MLR – L’an prochain, Odieuse participera-t-elle au concours dans la section 3ème lactation ?
Grégory MAITRE – « Si elle n’a pas de soucis, et si elle peut remonter, c’est bien. On est déjà monté une fois, on est contents. Peut-être aussi que nous aurons une autre vache un jour qui pourra participer. »


L'AVIS DU JUGE  👨‍⚖️ sur le passage d'Odieuse, Le 01 mars 2023 de 12h30 à 14h30 sur le grand RING du Salon International de l’agriculture à Paris - Concours, seconde lactation, catégorie jeunes :
Le juge, Philippe GROS (Jura) - « Dans cette catégorie j’avais 2 vaches qui se démarquaient assez nettement. J’ai hésité entre la première et la deuxième. Finalement mon choix s’est porté sur Paquita parce que c’est la vache qui présentait le plus d’homogénéité et de régularité sur l’ensemble de sa morphologie même si Odieuse possède un squelette plus développé. Odieuse est de très grande taille avec un bassin vraiment excellent dans ses dimensions et son inclinaison. Odieuse devance Oligance grâce à une meilleure distance plancher-jarret et un meilleur volume de mamelle. »

Odieuse, son portrait en quelques lignes :
Odieuse, fille de Groseille (mère que nous avions achetée au GAEC de l’Armoise à Bourg-Saint-Maurice) et Loustic (taureau que nous avons choisi).
4 ans et demi ; née à l’exploitation à l’automne 2018
Odieuse a produit dans sa meilleure lactation, 4370 litres de lait à 32,9 de TP et 38,2 de TB.
Explications :
TP - Le taux de matières azotées totales du lait est appelé Taux Protéique ( TP). Le TP est une caractéristique importante du lait. Plus le taux protéique est élevé et plus le rendement de transformation fromagère sera bon.
TB - La teneur en matières grasses du lait est appelée Taux butyreux (TB). Le taux butyreux d’un lait de vache varie entre 35 à 45 g/kg.

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La vidéo du concours est disponible en replay sur la chaine youtube du CGA en cliquant sur le lien ci-dessous ou sur l'icône 🌐
 https://www.youtube.com/watch?v=C06J_OgnFBo

A voir ou revoir 😀 – le passage d’Odieuse 🐮 – entre la 17ème et 29ème minute 🎥
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Droits d'Images : photos extraites de la vidéo « concours race Tarentaise, CGA 2023 »