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A Rochegude, les Passeurs de Mémoire ont fait rimer balade e

Rochegude, étymologiquement, montagne conique surmontée d’une tour, porte bien son nom. Si le donjon du château a perdu de sa superbe, le village médiéval a gardé tout son charme. Les randonneurs ont pu le découvrir, les uns par la force des mollets, les autres avec l’aide d’un, voire deux, bâton/s de marche.
Fort heureusement, la promenade fut agrémentée de multiples pauses provoquées par le guide du jour, intarissable sur le riche patrimoine de son village. Professeur d’histoire-géographie à la retraite, ancien Maire de Rochegude et auteur ou co-auteur de nombreux ouvrages sur les villages de la région, Pierre Chante a entraîné les Passeurs dans un véritable labyrinthe de ruelles caladées agrémentées de massifs de jasmin étoilé au parfum envoûtant.
La calade médiévale principale qui traverse la butte croise des venelles séculaires, bordées de maisons anciennes. Le moindre espace a été exploité par les courageux Rochegudois de l’époque. Creusant la roche pour créer là, une chambre, là, un cellier ou une cave, enjambant les traboules pour aménager un étage, ils allèrent jusqu’à percer de fenêtres les anciens remparts, les transformant en murs extérieurs de leur bâtisse.
Quelques façades anciennes attestent encore de l’ingéniosité de ces anciens bâtisseurs qui groupaient, dans une surface réduite, cheminée, citerne et baquet ou pétrin avec une canalisation qui évacuaient les eaux usées directement vers l’extérieur.
En historien passionné, Pierre Chante ne manqua pas de faire remarquer les détails patrimoniaux, notamment autour de l’ancien château, construction la plus ancienne et la plus haut perchée du village, agrandie au fil du temps puis laissée à l’abandon et restaurée, en partie, par ses propriétaires actuels.
Construite sous l’égide de Raymond de Barjac au XIIème siècle, la forteresse est restée propriété des Barjac-Rochegude jusqu’au XVIIIème siècle.
Si le donjon aurait bien besoin, aujourd’hui, d’une restauration, il a gardé très longtemps son aspect originel puisque des croquis datés de 1854 attestent de sa splendeur passée.
 
C’est du pied du château jusqu’au bas des versants constituant l’aiguille de pierre calcaire que la cité médiévale s’est construite. Elle est magnifiquement restaurée sauf dans sa partie la plus pentue, quasi inaccessible. Est-il utile de préciser que les voies carrossables ou petits jardinets coquets ne se rencontrent pas à chaque coin de ruelle à Rochegude !
 
Les fortifications, érigées initialement pour se protéger des bandits de grands chemins, furent bien utiles lors des guerres de religion qui embrasèrent la région après la révocation de l’Edit de Nantes. Au XVIIème siècle, les Rochegudois, à l’image du marquis de Barjac-Rochegude, s’étaient massivement convertis au protestantisme. Lors de la guerre des Camisards, alors que Louis XIV faisait raser le temple de la cité, quelques habitants de celle-ci se sont rendus tristement célèbre en massacrant la population catholique de la commune voisine de Potelières.
Mais Pierre Chante ne manqua pas, au pied du château, sur l’ancienne place du village qui porte aujourd’hui le nom de Jacques de Barjac-Rochegude de rappeler le rôle de celui-ci, en tant que protestant et ami de la Reine d’Angleterre. En effet, dans le Traité d’Utrecht, une clause proposée par l’Angleterre, à l’instigation du Marquis, permit à de nombreux huguenots français, condamnés aux galères pour le seul crime d’être protestant, de rentrer chez eux.
Au sommet du village, depuis une sente en encorbellement qui suit les contours du château et qui est protégée par une solide rambarde, le groupe put admirer la vaste plaine de la Cèze, véritable patchwork de verts correspondants aux différentes cultures agricoles.
 
C’est à cet endroit qu’une stèle rappelle le sacrifice d’un jeune Résistant rochegudois, victime de la barbarie nazie.
 
La flânerie autour du château permit à Yves, architecte, de faire découvrir, à Pierre Chante, une particularité architecturale de l’édifice, que l’on retrouve d’ailleurs dans d’autres constructions du village, qui avait échappée jusque-là à l’historien : une voûte en demi-cercle, suivant un tracé régulateur, encadrant la porte d’entrée. Technique employée dans les édifices les plus prestigieux, comme des cathédrales, a pu préciser Yves.
 
La promenade s’est poursuivie par une visite du lotissement à l’écart du village où d’heureux propriétaires ont pu bâtir la maison de leurs rêves… en bois ! Ce qui n’a pas manqué d’un peu choquer dans un environnement de pierres. Francis, prenant sa casquette d’ingénieur forestier, a saisi l’occasion pour souligner le côté à la fois économique mais surtout écologique du bois, utilisé comme matériau de construction, en précisant que les pouvoirs publics encouragent aujourd’hui l’utilisation de matériaux biosourcés, comme par exemple le bois. Lutte contre le réchauffement climatique oblige.
 
La balade s’est poursuivie par un chemin bordé de chênes séculaires baptisé du nom de notre guide qu’un journaliste qualifia « d’amour de chemin » et qui ramena dans la partie basse du bourg, pour achever la visite de celui-ci, les Passeurs de mémoire, une vingtaine ce jour-là, tout autant conquis par le pittoresque du village que par l’éloquence et les connaissances du guide !
 
Rochegude peut aussi s’enorgueillir d’offrir bien d’autres trésors à ses visiteurs : la grotte des Camisards, des capitelles, un dolmen, un sentier d’interprétation... Les environs de ce village typique offrent aussi de multiples lieux à explorer comme Rivières-de-Theyrargues et son magnifique château où la Marquise de Portes se faisait transporter en chaise à porteurs depuis sa forteresse sur les hauteurs cévenoles…
Pour les Passeurs de Mémoire, ceci est, bien sûr,… une autre histoire qui leur sera bientôt donnée de découvrir.