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Un chercheur 🔍 analyse l'avenir?❄?

Ce mardi 12 décembre 2023, à La Rosière, un chercheur 🔍 analyse l'avenir ?❄?.
Pourra-t-on skier ⛷🏂en 2050 ? Telle était la question.

Salle comble ! Près de 130 personnes sont venues écouter les prédictions de Carlo Carmognala, Astro-physicien, Nivologue-chercheur chez Météo France, moniteur de ski. Invité par le SIVU La Rosière St-Bernard, commanditaire d'une étude CLIMSNOW pour notre domaine skiable, La Rosière, Carlo Carmognala a présenté la méthodologie et les conclusions de l'étude conduite par le consortium METEO FRANCE, DIANEIGE, INRAE.
Ci-dessous, quelques courts extraits de l'intervention de Carlo Carmagnola :
"En simplifiant, en moyenne dans la Alpes, il y a 50 ans, on faisait un mois de ski de plus qu'aujourd'hui, surtout en début ou en fin de saison".
"A l'horizon 2050, les mauvaises saisons en termes d’enneigement ; qui historiquement se produisait une année sur 5, vont se produire 1 année sur 2. S'il y a 30 ans, nous avions 20% de mauvais hiver, on pourra avoir jusqu'à 50% de mauvais hivers d'ici 2050. Le contexte vers lequel on va, est une dégradation des conditions d'enneigement".
"On ne peut pas généraliser sur les stations. On prend Les Arcs ou on prend La Rosière, ce n'est pas pareil. Il y a des différences. Il faut aller au cas par cas. D'où l'intérêt de ne pas se limiter à des constats globaux, Les Alpes ou Les Pyrénées, m'a d'aller voir ce qu'il se passe localement avec le zoom le plus fin possible. Avec CLIMSNOW, on arrive à distinguer les différentes pistes de ski et les différents secteurs".
"CLIMSNOW, c'est une équipe qui travaille derrière cette étude. Il y a plusieurs partenaires dont METEO FRANCE où je travaille.  Nous sommes partenaires du GIEC. Les modèles du GIEC dont on parle dans les médias sont les mêmes modèles qu'on utilise dans CLIMSNOW. C'est donc cohérent au niveau scientifique".
"A l'amont de lancer ce programme CLIMSNOW, nous nous sommes posés la question, si on imagine être à cet endroit des Alpes, est-ce qu'on est capable de dire dans 30 ans, combien de neige il y aura, combien de jours de ski ? Est-ce qu'on skiera 1 mois, 2 mois, 3 mois, avec des incertitudes bien sûr. On a commencé à réfléchir à tous les éléments dont on avait besoin pour répondre à cette question simple mais qui demande quand même de mettre ensemble beaucoup de choses. Il faut connaître le climat, il faut connaître la neige, il faut connaître les installations, il faut connaître comment la neige de culture fonctionne s'il jamais il y a des enneigeurs qui sont à côté, le damage, connaître son effet, parce que la neige damée va durer plus longtemps que la neige pas damée ; à l'échelle locale, il faut savoir où on est...est-ce qu'on est exposé, nord, nord-est, sud...avec les altitudes. On va mélanger tout ça de façon un peu intelligente. Connaître le passé., parce que l'historique de l'endroit va permettre de calibrer le modèle pour les projections futures".
"Même si l'étude indiquait que globalement l'enneigement restait bon, il y a toujours des endroits critiques sur un domaine où on peut la question de savoir s'il y a du sens. L'idée de CLIMSNOW est aussi de dire aux stations, à cet endroit, même avec des enneigeurs, il n'y aura pas assez de froid pour produire...".
"Avec CLIMSNOW, c'est la première fois qu'on a disposition un outil...qui n'est pas parfait...il y a des incertitudes...on pourrait passer la soirée à dire tout ce qu'il ne va pas, ce serait intéressant au niveau scientifique ; par contre, il y a des choses qui sont plutôt claires, des tendances qui sont plutôt nettes, et donc on a un outil objectif quand même qui permet de discuter, de se poser autour de la table. Il y aura des avis différents, peut-être des climatosceptiques, il y a peut-être d'autres gens qui disent que le ski est mort demain, ave CLIMSNOW, je peux montrer de façon claire que le changement climatique existe, mais aussi que la neige ne disparait pas demain. On pourra skier encore dans 30 ans. Ici en tout cas. Cela alimente la réflexion."
"CLIMSNOW est un outil unique en Europe. En France, on a étudié 185 stations et on a aussi étudié des stations en Suisse, en Italie Val d'Aoste, en Andorre, en Espagne. La Rosière était l'une des premières stations en Savoie. Aujourd'hui, ils vous ont tous suivi."
"On nous pose souvent cette question. A Météo France, à 12 jours, vous vous trompez de prévision et là vous nous présentez des projections à 30 ans ? Ce n'est pas du tout la même chose. D'un côté on parle de météo, et là on parle de tendance. On est sur le climat et pas la météo."
"A la fin du siècle, qu'est-ce qu'il va se passer. Est qu'on skiera ou pas à La Rosière. Là, cela dépendra beaucoup du scénario climatique. Si on fait certains choix politiques pour réduire notamment les émissions de gaz à effet de serre, on fera du ski en 2080-2100. Pas aussi bien qu'aujourd'hui, mais on fera du ski. Si on est sur un scénario pessimiste, pas besoin de faire un modèle, on ne skiera pas à La Rosière à la fin du siècle. A la fin du siècle, on peut donc dire tout et le contraire de tout. Donc personne ne ferait une étude pour raconter des choses qui pourraient être tellement différentes. En revanche, sur la période courte, 2050, c'est beaucoup plus fin. On peut savoir de façon détaillée ce qu'il va se passer."
« Dans le cas d’un scénario à +4°C à la fin du siècle, le ski devient le dernier de nos problèmes. C’est le pire scénario à la fin du siècle. Méfiez-vous, quand on parle de +4°C, c’est au niveau de la planète, mais localement se sera différent. Les zones qui se réchaufferont les plus au monde, seront Les Alpes, les pôles…si on dit 4°C au niveau planétaire, localement à La Rosière, ce sera +6°C. C’est le pire des cas, scénario appelé RCP8.5. »
« Sur un scénario plus optimiste, si on atteint la neutralité carbone autour de 2060-2070, dans ce cas-là, le climat va se limiter entre +1°C et +1.5°C. Potentiellement, c’est un scénario qui reste possible. Mais il faut être clair, ce n’est pas la direction qu’on a prise maintenant.  Il y a un scénario intermédiaire où on va augmenter les émissions jusqu’au milieu du siècle et après cela va baisser. On a différents scénarios car personne ne sait ce que vont faire les différents pays au niveau mondial ».
« Les analyse de CLIMSNOW pour le ski, sont basées sur le scénario le pire RCP8.5. On prend le pire comme référence négative et cela permet de savoir ce qu’il va se passer dans le pire des cas…jusqu’à 2050, les différents scénarios, c’est sur cette période qu’ils divergent le moins et c’est sur cette période qu’on est capable de prévoir des choses plus précises car c’est cette période qui dépend le moins des choix politiques qui seraient faits ».
« Pour arriver à déterminer les conditions d’enneigement sur le bas de la piste Marmotte par exemple, il faudra au préalable modéliser le climat au niveau de la planète. Pour arriver au mètre près ou presque, il faut avoir une vision globale. C’est ça la difficulté. On a dû faire tourner des modèles globaux…Toute la méthodologie développée en 10 ans, c’est comment faire des zooms au niveau local et qui vont prendre en compte l’altitude, l’exposition et la pente. Il faut prendre en compte la topographie locale. Les historiques permettent aussi de caler le modèle à l’échelle locale…mais cela ne suffit pas, il faut croiser avec des modèles de comportement de la neige, neige non damée, neige damée, neige de culture…ainsi qu’avec les données propres de la station, ses équipements etc… ».
« L’indice de fiabilité de l’enneigement, c’est le pourcentage des pistes de ski qui sont skiables à La Rosière lors des périodes de forte fréquentation…notamment à Noël et vacances de février. En projection, vous voyez que cela va baisser. Si on place sur une mauvaise saison dans le pire scénario, il ne restera que 20% des pistes skiables à la fin du siècle. »
« La Rosière est une station globalement bien enneigée. Oui, il y a une dégradation d’enneigement, c’est indéniable. En revanche, le froid semble rester suffisamment pour permettre de compenser avec de la neige de culture. »
« Malgré le fait d’avoir des bonnes conditions d’enneigement à La Rosière, les mauvaises saisons en termes d’enneigement vont augmenter de fréquence. Dans un scénario non optimiste, en 2050, nous serons autour de 50% alors que nous étions à 20% dans le passé. Nous aurons donc une année sur 2 avec des mauvaises conditions. Mais à La Rosière, par rapport à d’autres stations, si on croise avec l’indice de fiabilité de l’enneigement, chez vous, même une mauvaise saison reste skiable, correcte. »
« Nous savons aussi calculer le potentiel de froid. En janvier le froid va baisser beaucoup moins que ce qu’il se passe sur la période d’avant saison. Il y aura encore du froid. Ce froid restera suffisant pour faire de la neige de culture si on est bien équipé. Vous aurez le potentiel pour le faire. On peut en revanche se poser la question, aura-t-on l’eau disponible pour le faire ou pas. »
« Une autre projection identifie le nombre de jours où l’on pourra faire du ski à l’altitude 1850m à La Rosière. Pour faire du ski, il faut entre 20 et 30 cm de neige damée, compacte. Cela veut dire qu’on peut avoir beaucoup plus de jours avec un paysage blanc autour. Par exemple, en neige naturelle non damée, le modèle dit qu’avec le pire scénario, à l’altitude 1850m, on aura 50 jours de ski alors qu’on en avait 120 actuellement. On aura perdu 70 jours de ski d’ici la fin du siècle. Avec le damage, la durée de vie de la piste permet de gagner 1 à 2 semaines grâce au compactage. Avec neige de culture produite par un système performant, on passe au-dessus de 100 jours. »
« Lors des mauvaises saisons, dans 30 ans, dans le pire scénario climatique, on garantira le ski sur les pistes équipées avec un système performant de neige de culture et sur les parties hautes ».
« Dans 30 ans, oui, il y a une dégradation, mais pas de disparition du ski. Ce sera un peu moins bien qu’aujourd’hui, mais ce sera skiable. Pour la seconde moitié du siècle, cela pourrait en revanche mal se passer si jamais on est sur un mauvais scénario. Jusqu’en 2050, ça va le faire. »
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