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Souvenirs de la balade au Viaduc du Doulovy

Une fois n’est pas coutume, les excusés étaient plus nombreux que les présents à la balade qui amenait les Passeurs de Mémoire au viaduc du Doulovy, ce samedi 2 novembre.

Pas de guide « externe » pour cette promenade. C’est donc Francis qui a fourni les explications pour enrichir cet après-midi automnal ensoleillé.
Parti de Gagnières, le groupe a suivi la voie verte, quittant le Gard pour l’Ardèche. Cette ancienne voie ferrée reliait nos Communes à Alès et se poursuivait vers le Teil, Lyon et… Paris.
On pouvait la prendre à Bessèges dès 1857, à Robiac l’année suivante et à Gagnières quelques années plus tard.
Même si le train pouvait accueillir des voyageurs, les voies ferrées ont été construites pour acheminer la houille vers les zones industrielles qui en consommaient à foison depuis la révolution industrielle.
A cette époque, Gagnières comptait pas moins de 7 puits : le puits Parran, utilisé de 1870 à 1930, avec 810 m de profondeur, un des plus profonds de France.

Après 2 kilomètres sur la voie verte, avant le tunnel de la Gadihe (long de 905 mètres, dont la fraîcheur surprend toujours les marcheurs ou cyclistes frileux), le groupe a bifurqué vers un sentier pierreux, vestige d’une voie ferrée aux dimensions plus modestes, destinée, non pas à la SNCF mais aux wagonnets qui amenaient le charbon de son lieu d’extraction vers les quais d’embarquement.
Rapidement, à travers la pinède, les marcheurs ont pu apercevoir, sur les hauteurs, le hameau de Frigolet et, quelques encâblures plus loin en contrebas, l’imposant viaduc du Doulovy, du nom de cette petite rivière, frontière naturelle entre Gagnières et Banne, entre Gard et Ardèche.
Après avoir traversé l’ouvrage d’art, le guide du jour nous l’a présenté.
Terminé en 1877, le viaduc surplombe le confluent du Doulovy et du Merle et relie les versants de leur vallée sur une longueur de 235 mètres et une largeur de 2,35.
Il est composé de 24 arches dont la plus haute atteint 35 mètres.
Culminant à 244 mètres d’altitude, l’édifice permettait l’acheminement de la houille extraite des puits de Basse Ardèche vers la ligne de chemin de fer qui reliait le Gard au Rhône.
Le Doulovy est un des 3 viaducs géants construits, en Cévennes, par les compagnies houillères. Il témoigne de la prospérité dans laquelle a baigné la région lorsque le minerai noir constituait la ressource essentielle au développement industriel de la France.
Contrairement à d’autres édifices majestueux de cette époque, il n’a pas été dynamité ni emporté par une crue brutale dont l’actualité récente prouve la violence dévastatrice.
La municipalité de Banne avait entrepris, en 2006, des travaux d’aménagement pour mettre en valeur ce vestige monumental. Les Passeurs de Mémoire ont pu remarquer qu’une récidive de l’opération ne serait pas superflue.

C’est par un sentier en pente douce, bordé de pins maritimes et de pins de Salzmann que les Passeurs sont allés admirer l’ouvrage à sa base. Les arches fières se miraient dans les quelques flaques abandonnées par le dernier épisode cévenol, un peu contrariées, sans doute, par cet été indien qui ne permet pas encore à l’automne de parer la nature de ses couleurs chatoyantes.

Grâce à l’expertise de Francis, les marcheurs du jour sont maintenant aptes à distinguer le pin maritime du pin de Salzmann dont les pommes sont bien plus petites et dont les branches maîtresses perdent leurs épines sur quelques centimètres après une intersection avec les branches secondaires apparues dans l’année.
Mais, maritime ou de Salzmann, ces conifères libèrent, outre de l’oxygène, de la vapeur d’eau enrichie de molécules aux vertus anti-inflammatoires pour les voies respiratoires.
Alors qu’ils amorçaient le chemin du retour, le groupe a longé les pans de murs de l’ancien puits de Lavernède, cité plus haut. Si la fosse n’est plus en activité depuis 1926, ses ruines attestent du sérieux et du professionnalisme des bâtisseurs de l’époque. 

Vers 17 heures, les marcheurs du jour ont retrouvé leurs voitures, avec les poumons purifiés et un peu de nostalgie d’une époque, dure et cruelle pour certains, mais glorieuse pour la région.