ROMAIN JALLET
Mon invité s’appelle Romain Jallet, il est psychologue clinicien et doctorant en psychologie clinique et psychopathologie.
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Après un début de carrière en EHPAD, puis une spécialisation dans les domaines de la gériatrie et de la criminologie, Romain en est venu à développer une thèse sur les vécus de contacts avec les défunts, également appelés nécrophanies. Il interroge plus particulièrement les effets de ces contacts sur la santé mentale de ses patients.
« Ça a été déterminant pour elle que deux personnes prennent au sérieux son vécu, ou tout du moins l’entendent. »
Les trois pépites de cet échange :
1) Le travail de Romain nous invite à nous interroger sur la posture du scientifique : comment accueillir quelque chose que l’on ne comprend pas ? Comment rester neutre ? Ne pas disqualifier ? Et surtout, comment tenter de comprendre ? Ces questions sont valables dans le cas du contact avec les défunts mais aussi de manière plus générale pour toute personne, scientifique ou non d’ailleurs, qui se retrouve face à quelqu’un dont elle ne comprend pas le positionnement. Nous avons souvent eu des invités sur cette chaîne qui parlaient de la difficulté de maintenir le dialogue entre citoyens lorsque l’on est en désaccord sur les idées. Je vais enfoncer des portes ouvertes mais se mettre à la place de l’autre, accueillir son point de vue sans le disqualifier est primordial pour que la discussion puisse continuer sans que personne ne se braque. Pour cette femme qui a dit à Romain avoir parlé à son mari mort, le fait que deux personnes entendent ce qu’elle avait à dire a été déterminant pour elle.
2) L’enjeu est alors de savoir quelle influence ces contacts pourraient avoir sur la santé mentale. En l’état actuel de ses recherches, Romain nous dit qu’il a constaté très peu de vécus de contacts avec des connotations négatives. Pour les personnes qui les vivent, ces contacts sont plutôt source d’apaisement. Ils permettent aux vivants de mieux cheminer dans leur processus de deuil, potentiellement de moins avoir peur de la mort voire même de s’engager vers une forme de croyance spirituelle. Romain parle même pour certaines personnes de « cadeau du ciel ». Il ne s’agit donc plus de savoir si ce contact est vrai ou non – cela a peu d’importance – ce qui est intéressant, c’est quel effet il a quand bien même il n’aurait été qu’un rêve ou une illusion !
3) Romain nous rappelle à juste titre qu’il y a toujours eu des tentatives de contacts avec les défunts, voire avec l’au-delà de façon plus générale. A titre personnel, vous savez ce que j’en pense et j’ai déjà accueilli sur cette chaîne de nombreuses personnes qui ont évoqué leurs pratiques spirituelles. A partir du travail de Romain, on peut légitimement se demander comment, pour les vivants, le fait de solliciter ces contacts, de demander de l’aide à nos proches disparus, à nos guides, à nos anges gardiens peut être utilisé ? Peut-on intégrer cela dans un parcours de soin pour aider des patients à aller mieux ? Peut-on envisager de créer des binômes psychologues-médiums dans certains cas de figure ? Comment on pourrait créer des binômes médecins-naturopathes dans d’autres ? Ce serait selon moi une belle perspective d’évolution pour la médecine moderne.
Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.
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