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GUILLAUME DESJARDINS

guillaume desjardins les parasites

On commence l’année avec un sujet des plus intéressants puisqu’il sera aujourd’hui question de cinéma et de pédagogie ! Comment apprendre le cinéma ? Faire une école, est-ce un gage de qualité ? Ne peut-on pas faire autrement ? En inventant par exemple des formes de pédagogies plus horizontales ?

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Ce sont toutes ces questions que s’est posé mon invité du jour, Guillaume Desjardins. Scénariste et réalisateur, il est notamment à l’origine de la série « L’Effondrement » produite par Canal+ en 2020 et du collectif Les Parasites, connu pour ses courts-métrages décalés et engagés. Il est également formateur via la chaîne YouTube RougeVertBleu et créateur de l’Atelier 7, une résidence de formation pour cinéastes.

« Quoi de mieux pour apprendre que d’avoir les outils entre les mains ? »

Les trois pépites de cet échange :
1) Le monde du cinéma, à l’instar de celui du spectacle et de bien d’autres domaines professionnels, fonctionne en vase clos. Et pour faire le parallèle avec ce que nous disait Ariane Bilheran dans le dernier épisode, tout ce qui conduit à un repli sur soi conduit inévitablement à l’autoritarisme. La démocratie, c’est l’ouverture. Si « faire du cinéma » passe par le fait d’intégrer une école, que ces écoles sont souvent privées et coûteuses – les écoles publiques étant réservées à la crème de la crème, que les élèves qui les intègrent ont envie de donner le meilleur d’eux-mêmes ne serait-ce que pour rentabiliser ce coût mais que les attentes des professeurs les conduisent inlassablement vers la compétition pour faire d’eux l’élite du cinéma, on comprend aisément comment on en arrive à former non pas les meilleurs cinéastes mais les plus conformes. Pour Guillaume, il est donc nécessaire de commencer par nous dé-formater de ce que nous apprennent les écoles : il prend pour cela l’exemple du long-métrage, qui est souvent vu comme un objectif à atteindre pour les réalisateurs qui veulent faire carrière, alors que ce n’est pas forcément une finalité.
2) Comme les enfants, les adultes apprennent en jouant et en imitant les autres. Ce qui a été salvateur pour Guillaume, ça a été de retrouver le plaisir de jouer et de faire en sorte que son travail reste un jeu ! Cet échange n’est pas sans rappeler celui que j’avais eu avec Anne-Claire Genthialon sur les métiers-passions. Perdre cette flamme, c’est se consumer peu à peu et s’enfermer davantage dans un système ! Guillaume nous dit de plus que c’est en faisant qu’on apprend. La théorie se trouve dans de nombreux livres et on peut aller chercher le savoir dès lors que l’on en a besoin. Cette conception de la pédagogie s’inscrit dans la lignée des écoles démocratiques mais aussi dans celle de l’éducation populaire. Le savoir des livres, nous pouvons l’acquérir par nous-mêmes sans avoir besoin de l’intermédiaire « enseignant ». Ce que nous apprennent les autres, ce sont leurs expériences. Maxime Gorki disait : apprendre, c’est le partage des expériences, c’est ça et que ça.
3) Il ne faut pas seulement revoir nos manières d’apprendre, il faut aussi revoir nos manières de raconter les histoires. A vrai dire, les deux fonctionnent de pair car si nous valorisons la compétition dans la vraie vie, nous allons inventer des récits et des mythologies qui justifient cette manière de penser et nourrissent la croyance que la compétition est nécessaire. Croire au self made man par exemple, c’est s’auto-persuader que l’on peut réussir seul alors que dans les faits, on réussit toujours ensemble. Mais si l’on passe notre temps à voir des films de gens qui réussissent seuls, on croira toute notre vie qu’on est un raté.

Merci à tous d’avoir écouté cet épisode et à la semaine prochaine pour une nouvelle rencontre hors des sentiers battus.

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